Deux militants d’extrême droite condamnés pour alternative au salut nazi et haine en ligne

18 Novembre 2022
Domaine d'action: Vie en sociétéInternet
Critère de discrimination: RacismeAutres critères

Unia se félicite de la condamnation de deux militants d’extrême droite dans deux dossiers où il s'était constitué partie civile. Les deux hommes étaient poursuivis pour alternative au salut nazi et cyberhaine.

Le salut de Kühnen constitue bien une incitation à la haine

La première affaire était jugée au tribunal correctionnel de Bruges, le 8 novembre 2022. L’auteur de ce salut alternatif au salut nazi a été condamné pour incitation à la haine à une amende de 800 euros avec un sursis de 3 ans. Unia reçoit un dédommagement de 250 euros et une indemnité de procédure de 280 euros.

« Unia s’est constitué partie civile dans cette affaire parce que nous sommes préoccupés par la banalisation et l’utilisation de plus en plus courante de rhétorique et de symboles nazis dans l’espace public », explique Patrick Charlier, directeur d’Unia. « La condamnation d’une alternative du salut nazi sur base de la loi antiracisme est une première en Belgique. Elle complète le cadre juridique actuel, qui offre déjà des ressources importantes pour combattre ce phénomène. Mais les acteurs policiers et judiciaires doivent être mieux outillés pour détecter les signes, les symboles et les références utilisés par les groupes néo-nazis », poursuit-il.

L’auteur, qui n’en était pas à sa première provocation, avait fait le salut de Kühnen lors d’une marche de protestation à l’initiative d’un militant d’extrême-droite à Ostende en août 2020, au cours de laquelle des slogans racistes comme “Islamistes... parasites” ou “Sale racaille étrangère, rentrez chez vous” ont été scandés (en néerlandais). Cette alternative du salut nazi est utilisée par les militants nationalistes afin de contourner les lois antiracisme et anti-négationnisme.

La cyberhaine durement sanctionnée

La deuxième affaire concerne un homme qui avait publié de nombreux messages et mèmes incitant à la haine et à la discrimination sur la plate-forme VK entre octobre 2020 et janvier 2021.

Le tribunal de première instance de Flandre orientale, division de Termonde, l’a condamné ce 9 novembre à une peine de prison de 6 mois et une amende de 800 euros avec sursis pour une période de 3 ans moyennant certaines conditions, dont une visite accompagnée à la Caserne Dossin, musée et centre de recherche sur la Shoah et les droits humains. Unia perçoit un dédommagement de 350 euros, un dédommagement en nature par la suppression des messages visés et une indemnité de procédure de 280 euros.

« Le tribunal a souligné à juste titre les conséquences de l’incitation à la haine contre un groupe de personnes. Elle compromet une cohabitation pacifique entre tous les citoyens de notre société. Elle touche aussi les personnes visées dans leur identité et leur donne un sentiment d’exclusion » explique Patrick Charlier, directeur d’Unia.

Sur son profil public, le prévenu avait posté de nombreux symboles néonazis et de la suprématie blanche tout en déshumanisant les migrants, les personnes noires et les Juifs. Il faisait l’apologie du nazisme et d’Adolf Hitler tout en niant ou minimisant l’Holocauste, le décrivant notamment comme « le plus grand mensonge de l’histoire ». Lors de l’audience, il a une nouvelle fois minimalisé l’Holocauste en mettant en doute les chiffres officiels du nombre de Juifs décédés.

Pour lutter de manière constructive contre la cyberhaine, Unia continue à plaider pour des formations spécifiques. Une peine doit aussi agir de manière préventive et inciter le prévenu à ne plus commettre de délits. Une visite accompagnée de la Caserne Dossin, souvent imposée par le parquet d’Anvers, permet par exemple aux auteurs de comprendre les mécanismes universels de désinformation, de déshumanisation et de pression sociale.

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