Un jugement sans ambiguïté contre les discours de haine
Quatorze membres du groupe d’extrême droite Bloed, Bodem, Eer en Trouw sont reconnus coupables de faits de racisme et de négationnisme : le Centre réagit positivement à cette condamnation
Aujourd’hui, le tribunal correctionnel de Dendermonde a condamné 14 membres du groupe d’extrême- droite Bloed, Bodem, Eer en Trouw (BBET) [« Sang, terre, honneur, fidélité »] pour racisme et négationnisme. Certains d’entre eux ont également été reconnus coupables de faits de terrorisme, d’association de malfaiteurs et de détention d’armes. « Cette condamnation explicite pour racisme et négationnismes est significative » déclare Patrick Charlier, directeur adjoint du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme. « Cela prouve en effet qu’il est parfaitement possible d’entreprendre des actions contre les discours de haine. »
Ce groupe a été démantelé en septembre 2006. Une perquisition d’envergure a alors permis de saisir une importante quantité d’armes ainsi que d’autres éléments à charge. Le procès a, quant à lui, débuté en septembre 2011. Le Centre était une des parties civiles. Patrick Charlier précise que « les revues périodiques et le site internet de BBET constituaient clairement des violations des lois Antiracisme et Négationnisme. La première interdit l’incitation à la violence, à la haine, et à la discrimination ; elle réprime aussi toute collaboration avec des organisations se rendant coupables de tels faits de manière manifeste et répétée. La seconde tend à réprimer la négation, la minimisation grossière, la justification ou l'approbation du génocide commis par le régime nazi. Dans le cas du groupe BBET, il avait pour objectif de s’en prendre aux personnes d’origine étrangère et, en particulier, aux personnes issues de la communauté juive. »
« Le travail de la police judiciaire, du parquet fédéral et du parquet de Dendermonde mérite d’être salué: grâce à leur action concertée et d’envergure, ils sont parvenus à démanteler le groupe BBET », ajoute Patrick Charlier. « La condamnation par le tribunal prouve, une fois encore, que l’actuelle loi Antiracisme offre suffisamment de possibilités pour agir contre ce type d’organisation qui relève du racisme organisé. Le Centre plaide d’ailleurs depuis longtemps pour une telle application de cette loi. La loi Antiracisme ne met aucun frein à cette liberté d’expression, par contre elle met un frein aux actes à caractère raciste. Or, inciter à la haine, à la violence et à la discrimination est un acte et non une opinion. »
Patrick Charlier rappelle qu’« une société doit se protéger contre toute forme d’extrémisme et ce, d’où qu’il vienne. C’est également le message qui est lancé aujourd’hui même à Genève par le Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination raciale alors qu’il est précisément en train d’examiner le rapport soumis par les autorités belges. Dans le cas de BBET, il n’était pas uniquement question d’opinions et de messages de haine. Les personnes condamnées avaient des intentions évidentes : elles voulaient opposer différents groupes et aller à l’affrontement. Tolérer cela, c’est se mouvoir en terrain miné. La démocratie consiste aussi à protéger les droits des minorités. Le Centre a reçu la mission du parlement de veiller au respect de ces droits. Comme cela fut le cas dans cette affaire, il continuera à s’appuyer sur cette législation pour avancer dans cette direction. »
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